Fictions de la voix féminine : exploration des effets et enjeux de la parole (1877-1910)

Thèse en cours de rédaction sous la direction de Mme Florence Fix
Section 10, Littérature comparée

Contact : emmanuelle.stock@univ-rouen.fr

Enseignante agrégée de Lettres modernes

2021

Doctorante en littérature comparée

2022-2025 (en cours de rédaction)

Chargée de mission DAAC et référente cinéma-audiovisuel

Pour l’Académie Nancy-Metz

Doctorante en littérature comparée sur la matérialité de la voix féminine et ses effets

Ce travail de thèse s’inscrit dans une période ciblée, de 1877 à 1910, caractérisée par les avancées technologiques et les transformations sociales majeures qui marquent un tournant littéraire significatif. En décembre 1877, l’inventeur américain Thomas Alva Edison révolutionne et bouleverse la perception de la voix humaine avec son nouveau dispositif d’enregistrement : le phonographe, présenté au grand public à l’occasion de l’Exposition Universelle de Paris l’année suivante. Cette invention étonne et émerveille car elle permet une reproduction mécanique des sons parlés ou chantés, qu’ils proviennent de vibrations sur un diaphragme humain ou issus d’un instrument de musique. Dans les années qui suivent, c’est le développement de la transmission radiophonique qui intensifie ces progrès et transforme le rapport à la voix, influençant par là-même les fictions de la voix féminines au tournant du XXe siècle. Par ailleurs, 1910 est une date clef qui correspond à la première diffusion d’un opéra à la radio en direct, symbolisant la démocratisation de l’art vocal, autrefois confiné à un espace clos exclusif et distingué. En parallèle, l’époque est marquée par les luttes pour les droits des femmes et le combat engagé des suffragettes qui redéfinissent le rôle de chacun aussi bien dans la sphère publique et privée. Ces mutations sociales et techniques trouvent écho dans l’essor du merveilleux scientifique en littérature. Ainsi, les textes étudiés interrogent le rapport entre voix, corps et identité féminine dans un monde en pleine mutation.

Corpus étudié : 
 – Nana, Emile Zola (Français, 1880) 
 – Dinah Samuel, Félicien Champsaur (Français, 1882)
 – L’Eve future, Villiers de l’Isle-Adam (Français, 1886)
 – Les Bostoniennes, Henry James (Américain, 1886) 
 – La Muse tragique, Henry James (Américain, 1890) 
 – Le Château des Carpathes, Jules Verne (Français, 1892)
 – Trilby, George du Maurier (Britannique, 1894)
 – La Comédienne, Wladyslaw Stanislaw Reymont (Polonais,  – 1896)
 – Le Feu, Gabriele D’Annunzio (Italien, 1900)
 – Professeur Unrat (L’Ange bleu), Heinrich Mann (Allemand, 1905)
 – Le Fantôme de l’opéra, Gaston Leroux (Français, 1910)
Femmes qui parlent

Chargée de mission DAAC 54 et référente cinéma pour l’académie Nancy-Metz

Promouvoir l’EAC dans l’éducation nationale pour que les élèves aient accès à une équité culturelle et soient des citoyens éclairés.

Publications

Beauté métallique dans la science-fiction

Erotisation des corps artificiels féminins dans L’Eve future (1886) de Villiers de L’Isle-Adam et dans No Woman born (1944) de Catherine Lucille Moore.

Une ode aux luttes féministes

Le roman choral avec Viendra le temps du feu de Wendy Delorme, Avec Joie et docilité de Joanna Sinisalo et Le Pouvoir de Naomi Alderman

Agrégation 2025-2026

Rédaction de la partie sur Gaston Miron

Fantaisie, humour et satire politique dans la science-fiction avec Martiens, Go Home ! (1955) de Fredric Brown

Dans la revue collective n°41 de Planète de 1968, André Amar déclare que la politique-fiction « ne séduit pas le lecteur, elle l’interpelle ; elle ne l’endort pas, elle l’inquiète ; elle n’est pas divertissement mais avertissement ». En cela, les dystopies politiques apparaissent comme des contes d’alerte qui proposent une réflexion philosophique et anthropologique sous le couvert de la lecture romanesque plaisante et ludique. Avec la mise en abyme de l’écrivain isolé dans sa cabane et l’invasion simultanée des martiens aux États-Unis, le récit de Fredric Brown met en scène une panique terrienne coutumière au genre de la science-fiction mais alimentée d’une touche de fantaisie et d’humour. La fiction s’exhibe comme fiction : le récit surjoue du burlesque qui désamorce la portée inquiétante du désordre apocalyptique de l’arrivée des Martiens sur Terre et permet à la fois une immersion joviale dans la fiction et une distanciation critique du lecteur. Les Martiens, êtres méprisables et insolents, jugent la race humaine inférieure et entrent dans l’intimité des individus pour se moquer ouvertement de leurs habitudes socio-politiques. Derrière la fantaisie, l’œuvre endosse le projet humaniste de questionner les usages collectifs et de tendre un miroir réflexif au lecteur qui rit en réalité de lui-même. L’esthétique de la surenchère et du trop-plein est produit par des créatures farceuses. L’urgence politique de la situation avec l’effondrement du gouvernement amène en outre à repenser la notion de communauté. Selon Kingsley Amis, « L’humour peut subsister à l’intérieur du genre et même être l’ingrédient principal du récit à condition que l’idée comique soit également valable du point de vue de la science-fiction », ce qui est pleinement le cas pour Martiens, Go Home !, roman de science-fiction américain humoristique et plein de fantaisie, publié en 1955 dans la revue Astounding dirigée par John Wood Campbell. Son auteur, Fredric Brown, est l’un des écrivains pionniers de la littérature spéculative américaine qui utilise l’hypothèse science-fictionnelle d’un futur menacé pour penser le présent. Comme le souligne Irène Langlet , les romans alternatifs sont une expérience temporelle qui bouleverse l’horizon d’attente du lecteur. Superposant des tonalités contradictoires, l’œuvre de Brown est volontairement déstabilisante car elle brouille les catégories romanesques tout en usant de l’autocommentaire ironique et du procédé de la surenchère. Le récit oscille en permanence entre science-fiction, roman politique et registre burlesque pour inviter à une réflexion sur la responsabilité du citoyen dans une cité désorganisée par l’arrivée saugrenue des martiens, créatures insolentes et provocatrices, qui doivent beaucoup aux Pulp magazines.